La quatrième semaine : over. (comprendre : putainweekendholyeffingweekend, je vais larver. Un peu.)
Tout ce temps passe à une vitesse dingue. Je me rends compte - déjà - du recul pris par rapport aux situations personnelles des élèves, de l'attendrissement que j'ai même face aux plus remuants, et de la paire de claques assumée qui s'éveille en moi (et qui ne va pas plus loin que mes synapses, que ce soit dit, même si ça va de soi) quand championne me provoque.
C'est donc à l'abord de la cinquième semaine que je vais me lancer dans une petite typologie de mes élèves, au stade de connaissance d'eux-mêmes où je suis.
1) La championne : situation familiale bordélique, et avenir proche pas plus rose. Touchante par moments, à claquer à d'autres. Provoque en souriant, se balance, tombe, clame haut et fort qu'elle "s'en fout" et continue, inlassablement. Tranquille lorsqu'elle se met au travail et qu'elle est dans une bonne journée. Et douée en plus.
2) Le Paulo : on poursuit sur la situation familiale, pas ou peu de cadre, donc Paulo pas ou peu cadré. Parle à voix haute, est capable d'être rappelé à l'ordre environ 72 fois par jour et de continuer. Pas méchant au fond, il sait plein de choses, mais "oh lala, t'es pénible, hein.".
3) Mon allophone : n'a pas compris qu'ici, on ne coupe pas les cheveux du voisin. Commence donc à sérieusement communiquer, ce qui en soi est complètement bon.
4) Mes deux mimi : elles traduisent les exercices à 3), te rendent un boulot impeccable, écoutent, sont pleines de bonne volonté, polies, de la crème.
5) Jean-Michel Jaibouffédulion : monté sur piles électriques, brillant, bavard, b². Celui qui à tout moment est là pour lancer un pavé dans la mare, poser une question imprévue et pleine d'espièglerie. Celui qui oublie ses cahiers, qu'on rappelle à l'ordre plusieurs fois, mais qui ne peut pas énerver, mais on ne sait pas trop pourquoi. Et pourtant, on lui en répète, des choses.
6) Le silencieux, simple et efficace. J'en ai deux exemplaires, un dans chaque groupe - ce1/ce2 -. Le genre fourbe par sa rapidité. Il termine tout rapidement, et le pire est que c'est correct. J'aurai aussi pu l'appeler "l'avide d'exercices".
7) Les déconnectés. Ils ont tout, sauf le haut débit. Mais tellement la volonté de brancher les deux fils qu'ils y arriveront, avec de la persévérance.
8) Le privé de confiance. Le nouveau, qui débarque d'une classe où l'enseignante arrachait ses feuilles quand il écrivait mal. Et X seul sait à quel point il écrit mal. Celui à qui tout les jours je répète que je ne déchirerai pas ses feuilles, et qui me pond chaque jour un peu plus d'écriture, et un peu mieux faite. Bon, ça, j'en suis contente. Maintenant, s'il pouvait aussi se brancher sur économie d'énergie, ce serait grandement plaisant.
9) La Danlalune. Elle existe partout, je crois. Elle est douée, mais elle est ailleurs. Je ne sais pas trop à quel moment elle travaille, je ne la vois jamais faire. Et pourtant, quand je récupère le cahier, tout est fait, et bien fait.
10) Les débrouillardes, ou le gang des 3. Trois CE1 qui font leur bonhomme de chemin, qui gèrent, qui suivent. Le reste du pot de crème.
11) Les grondés qui ne comprennent jamais pourquoi ils sont grondés. Ceux-là sont à l'origine de moult soupirs, qui eux-mêmes sont à l'origine d'un peu de culpabilité. Mais en même temps, en tant qu'humain, le soupir est tout à fait normal après avoir dit 10 fois la même chose. Et devoir hausser le ton devant leurs yeux ébahis qui ont oublié qu'il y a 30 secondes ils piaillaient et jouaient avec leur compas, c'est difficile à tenir.
Il y en a d'autres, la liste sera à compléter, bien sûr. Je me rends compte en écrivant que l'équilibre est bien là. Si j'en crois mes collègues,ce groupe est bruyant, je commence à l'accepter et je continue à poser mon cadre, qui rentre doucement. Et je confirme pour le moment le fait que malgré les réveils tôt, les rappels à l'ordre répétés, et la masse de préparation, j'aime toujours autant l'odeur des classes. Depuis que j'y ai foutu les pieds.
Oh, et aussi, se dire en voyant le virement de paie en cours qu'on l'a pas volé, ce salaire, c'est chouette.
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