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A board. Comme le tableau. Prof. Enfin voilà quoi.
(Bannière : Création/dessin d'Anne Montel, parce que c'est bô)

" Et parfois je m'extasie sur la grandeur des petits. "

mercredi 25 janvier 2017

Once again.

25 janvier. C'était dit depuis le début de l'année, j'allais me barrer le 25 janvier. Eh bien soyez-en sûrs : quitter une école me fait toujours autant chier. 

J'ai rangé mes affaires, j'ai rendu celles qui n'étaient pas à moi. Et puis comme à chaque fin d'année (sauf que ce n'en est pas une), j'ai dit au revoir. Aux collègues et aux élèves, avec une petite pointe d'amertume et d'inachevé, quand même, comme d'habitude (Chimay Leffe, i chété bouscule). 

Bilan de ces 4 mois + 25 jours

Les élèves non lecteurs sont devenus des petits lecteurs. Et c'est énorme. Énorme. On est passé de 25 élèves à 26, puis à 24. J'ai un peu stagné dans mes qualités de préparation, mais j'ai avancé dans mes capacités à adapter mon enseignement à chaque élève. J'ai encore raconté beaucoup de bêtises en classe et avec mes collègues. 



#Pauseperle2017 : Au sujet, des muscles et de la langue qui est un "muscle très musclé"...
N, 8 ans : " Mais maîtresse... J'vois pas bien ce qu'on peut faire comme sport avec la langue...?"
Maîtresse : "..."



J'ai appris à prendre encore plus de distance avec l'administration et le troupeau de bureaucrates qui nous gère. J'aurais dû être inspectée, je ne l'ai pas été, pour des raisons de "directives". Pas d'inspection = pas d'évaluation, pas de conseils, pas d'augmentation de salaire. C'était terrorisant mais j'aurais aimé être inspectée, avoir un suivi, avoir un retour. C'est comme si je mettais mes élèves en plan de travail (exercices autonomes) toute l'année. Travaille, travaille sans jamais savoir comment tu pourrais faire mieux. 

Du coup je construis ma réponse à cette question que les médias nous foutent sous le nez :
POURQUOI LES ENSEIGNANTS DÉMISSIONNENT ? 

Comment présenter les choses sans qu'on nous ressorte le coup de la victimisation? Oui, j'ai trois mois de vacances dans l'année. Ok. Et après ? Imaginez une classe. Imaginez-vous enfant. Un jeune enfant qui arrive à l'école pour apprendre, qui aime découvrir, qui aime partager. Pendant sa première année, il passe à la loterie. Au choix, il récupère un enseignant qui l'aide, le guide, lui dit comment mieux faire (parce que n'oublions pas qu'il n'a pas encore appris concrètement, il a besoin d'entraînement), ou, s'il tire la mauvaise carte, il se coltine toute l'année un enseignant qui le lynche et lui répète ce qui ne va pas sans lui proposer d'alternative pour mieux s'épanouir et réussir. Un premier tri s'effectue durant cette première année. Imaginons qu'en deuxième année, avec une difficulté similaire, l'enfant tombe dans une classe où ses camarades lui tournent le dos et ne sont pas agréables avec lui (deuxième loterie, il peut aussi tomber sur un groupe génial). Un deuxième tri a lieu. Enfin, en troisième année, l'enfant est confronté à une hiérarchie qui ne l'écoute pas, le dispute car il n'a pas fait ses leçons - mais a oublié de lui faire écrire ses leçons -, lui demande d'aller suivre une leçon loin de chez lui car elle ne veut pas se déplacer, et ne propose aucune solution face aux difficultés vécues par l'enfant dans son travail. Troisième tri. Je me demande combien d'enfants il reste dans la classe au bout de ces trois ans. Il s'agit juste de transposer cette situation à un monde adulte mais qui reste un monde en apprentissage. Sans écoute ni empathie ou considération, aucune entreprise ne fonctionne. Et l'Education Nationale manque cruellement de ces trois qualités à l'heure actuelle. 


Mais allez, souviens-toi du pourquoi. Du pourquoi on fait ce boulot. Il y a peut-être moins de raisons de continuer que d'arrêter, mais elles sont balèzes. Et elles ont des prénoms, elles disent des choses rigolotes et mesurent généralement 1m12. 



Prochain challenge :

Survivre 4 mois dans une école différente chaque jour, à faire classe à un niveau différent chaque jour, avec une équipe différente chaque jour. The perks of being a wallflower. 



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